sans date, ni
localisation, ni référence.
En montrant l’histoire universelle de façon universelle, accessible à tous.
En réveillant tous les
imaginaires, En
touchant au cœur le regardeur.
Ils sont en bois. Ils portent en eux
l’histoire de l’arbre et l'histoire du voyage...
Ils ont flotté, de la rivière à la mer…
Après
un long périple, ils s’échouent sur nos plages.
Ils se relèvent, ils se mettent en marche, ils cherchent un lieu pour exister.
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…Caminante, no hay camino, se hace el
camino al andar… (A.Machado)
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Anne.S.
la petite mère du petit peuple
Née et élevée au
soleil et à la mer, j'y puise depuis toujours, ma matière première et mon
inspiration.
Au tout début,
donc, les rivages. J'aime arpenter ces territoires flous, ni eau ni terre, qui
n'appartiennent à personne et sont inaliénables. Puis, comme une évidence, la
collecte. Glaner, inlassablement, ce que la mer amène. Ramasser, ces bois flottés, sculptés par le temps et les éléments, qui portent en eux
l'histoire de l'arbre et l'histoire de la traversée. Riches de tant de choses à
raconter.
… Les choses
ont une vie bien à elles, il faut réveiller leur âme, toute la question est
là …
(100 ans de
solitude, Garcia Marquez).
En 2004, ces bois
morts et flottés, travaillés par le temps, deviennent personnages, expressions
d’un autre monde, d’une autre histoire. A partir de cette matière brute, cherchant
la plus simple représentation possible de l'être humain, je m'approprie cette
formidable aptitude de notre cerveau à la paréidolie, pour créer "le petit peuple".
Je ne savais pas
encore qu'il allait m'emporter dans un Infini Voyage…
Au fil du temps,
d'expositions en lieux d'accueil, ce petit peuple a pris vie, il m'a poussée de
l'avant, toujours plus loin… Depuis, je creuse sans relâche cette veine
créatrice, j'avance toujours et encore dans cet Infini voyage, j'explore les
infinies possibilités d'expression à ma disposition.
Influencée par le théâtre et le cinéma, j'invente en 2011, le NTNC,
Nouveau Théâtre Néo Cinétique, en référence au NCNC (Nouveau Cinéma Néo
Cinétique) et je crée L'infini voyage, installation mobile et théâtre immobile.
Une installation immersive qui peut accueillir le spectacle vivant.
Mes installations sont
figuratives, réalistes, politiques et poétiques.
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Hier fut la
chute,
le
roulé-boulé dans le ruisseau, la boue qui colle et asphyxie.
Hier la
fuite.
Fuir le
foyer, sous peine d'être réduit en cendre.
Fuir
l'amoncellement et la pourriture.
Hier fut
nombreux.
Et long.
Long le chemin, long le froid et le vent,
dépouillé, nu de ce qu'il aurait
fallu,
dépourvu de ce qu'il aurait voulu.
Qu’était-il
promis à ceux qui prenaient la route ?
Quand le
corps à force de frotter vient au plus près de l'os.
Quand à ne
plus manger, l'appétit disparaît.
Quand de
tant de pluie et d'embruns, l’eau devient superflue.
Marcher
parce que les autres marchent,
rêver parce que les autres rêvent,
espérer parce
que les autres espèrent.
Suit le
ruisseau, suit le fleuve, suit la mer.
Bloqué dans
un méandre,
broyé par une hélice,
alourdi d'eau et de sel,
s'enfonçant dans les
flots,
tombant, enfin doucement,
enfin sans effort,
pour reposer au fond, tout
au fond,
jusqu'à bientôt être couvert d'algues, et dissous.
Pendant que
d'autres passent, surnagent et flottent jusqu'à la grève.
Posés sur le sable.
Séchant. Si légers. Non identifiés.
Un coup de
pied te rejette,
brindille obstinée qui sera là à nouveau demain.
La mer obsède
et intercède.
Te prend et te pose, te reprend et te repose.
A moins que
la herse ne mette ses dents sur toi au risque de te briser.
Ne t'amène
dans un enclos.
Fin du voyage, tu salissais la plage.
Tes os
froids et gris jetteront un dernier éclat rouge un jour sans vent.
Mais il y a
aussi la main.
Coups de
pied, semelles qui brisent et renversent,
mais la main.
La main
tendue, la main que tu n'espérais plus,
celle que tu n'oses croire, qui te
prend et t'emmène,
qui te débarrasse du sable,
qui te laisse te remettre
debout,
qui t'invite au souvenir, qui accepte que tu existes,
qui voit en toi
et l'arbre et la route, et le froid et le chaud.
La main qui
mesure toute l'usure de ta peau,
qui te touche et perçoit un doigt de chaleur.
La main qui
te repose en confiance.
Es-tu
arrivé ? Peux-tu arriver toi qui es parti ?
Petit, qui
peuple nos histoires.
Pascal Fruchon,
pour Anne.S. et son petit peuple.
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